Nous bénéficions en ce début Mai d’un temps délicieusement mélancolique dont la noble austérité comblera d’aise les sens du promeneur esthète qui ne manquera sous aucun prétexte de louer l’incroyable palette de gris dont le ciel nous sait gréé. Loin d’être mécontent, il jouira de l’âpre tristesse qu’engendre l’épais brouillard et l’incessant crachin, se morfondra avec délice dans les affres du spleen en choisissant les musiques appropriées dont il conviendra d’exclure impérativement certains styles que le dictât du politiquement correct et l’auto-censure de rigueur lorsqu’on exerce la vile activité de boutiquier, ce qui est mon cas, m’interdisent de nommer présentement.
Tient ! À propos de commerce. Sachez que le refuge est ouvert jusqu’au premier Novembre comme chaque année. Je vous invite à passer le mot, s’il vous sied de le faire bien évidemment et sans qu’il vous faille attendre autre chose de ma part qu’une éternelle reconnaissance, ce qui je conviens est foutrement moins affriolant qu’un accès illimité à nos bag-in-box de Damoiseau mais nettement plus satisfaisant qu’un bon vieux coup de bêche sur la malléole interne de votre pied gauche.
Ainsi les travaux non pas encore eu lieu, et pour des raisons diverses et variées indépendantes de notre volonté et de celle du propriétaire, sont repoussés. Les conditions d’hébergement sont donc les mêmes qu’auparavant, j’invite ainsi vivement les personnes dont le standing ne s’accorde pas à la rusticité du vénérable établissement à opter pour le bivouac ou une autre destination. Celles en revanche dont l’objectif principal est de jouir du paysage enchanté de la bucolique vallée du Marcadau en disposant du gîte et du couvert, somme toute la plupart d’entre vous, elles peuvent se radiner car le panorama reste toujours aussi exaltant.

